A Saint-Denis, sur ses hauteurs, un collectionneur d'orchidées depuis les années 80 n'en finit pas d'admirer la beauté de cette plante, unique par l'immense diversité de ses formes et de ses couleurs. Dans sa serre, des espèces d'Australie, d'Asie, du Brésil ou d'Inde, le voyage est un tour du monde. Extraordinaire.

10 à 12° d'amplitude durant la nuit, c'est le coup de froid nécessaire pour déclencher les nouvelles floraisons. La serre de Phil, collectionneur d'orchidées, membre de l'association des Orchidophiles du Nord, abrite une bonne dizaine de familles. Il ne compte plus les différents sous-groupes, trop nombreux, à quoi bon. Certaines de ses orchidées ont plus de 25 ans. Autant dire qu'il les bichonne. Tout gamin déjà, la nature lui souriait. Phil est devenu un mordu, touché par le virus dans les années 80 après une visite d'exposition, puis une deuxième... Il s'est retrouvé enrôlé par l'Association des Orchidophiles du Nord. Avec ses amis, ils sont 60 adhérents, un bataillon d'amoureux des orchidées, les échanges de plants vont bon train. Retour dans la serre ou plutôt le petit coin de nature. Elle s'adosse à une paroi rocheuse de près de 7 mètres où se sont installés fougères et autres végétaux. Un décor naturel idéal pour exposer des orchidées. Bassin et petit pont de bois ajoutent à la personnalisation du lieu. Hormis un toit en tôle installé il y a vingt ans, se posant en trouble-fête, l'impression de profiter d'un sous-bois est agréable. On déstresse.

Des débuts difficiles

S'il n'est pas un professionnel pur et dur, Phil a l'avantage de cumuler des années d'expérience sur le sol réunionnais et ses particularités. Il sait désormais, avec le recul, les bourdes à ne pas commettre et a contrario ce qu'aiment ses protégées quoique elles lui réservent encore parfois des surprises. Son premier conseil : attendez-vous à des débuts difficiles. « Il faut un bon nombre d'années avant qu'une plante s'installe durablement. On achète souvent une plante en fleur et elle n'aime ni être transportée, encore moins bousculée dans ses habitudes de lieu et de climat. Il lui faut donc un temps de repos prolongé, un temps d'adaptation », avertit le passionné. Deux ou trois ans parfois sont nécessaires pour voir refleurir une plante. Un Dendrobium Afar présente de curieuses étiquettes accrochées à ses cannes : 2011, 2015. Phil surveille les nouvelles pousses : 15 en 2011, 25 en 2016. Ça progresse. « Un véritable phénomène », s'enflamme le jardinier, rompu au jeu de l'expérimentation dont la délicate fécondation. Avec toute la meilleure volonté du monde, se lance dans l'orchidée celui qui sait faire preuve de patience.

Résistantes à la sécheresse

Définitivement non, les orchidées ne sont pas fragiles comme on a encore trop souvent tendance à le croire. « Il faut s'en occuper, pas les froisser, un déplacement malencontreux et vous leur portez un coup fatal, sourit Phil. Ce sont les plantes qui résistent le mieux à la sècheresse. Un bémol tout de même, il existerait des variétés « fatigantes». Documentez-vous avant de planter la moindre graine et n'en perdez pas l'habitude ensuite. Internet « déborde » de sites professionnels pleins de bons conseils, pour la plupart bien documentés. Phil est passé par là. Deux embûches auxquelles vous devrez faire face, deux soucis majeurs que vous ne pourrez vaincre qu'après de longues années d'expérience : trouver LE bon compost et LE bon système d'arrosage. Si vos nombres de plantes différentes augmentent avec le temps, la difficulté se corse en parallèle. Dès septembre, les orchidées vont commencer à fleurir. Août, période calme pour le jardinier l'est moins pour les plantes se préparant à s'ouvrir. Elles souffrent aux dires de Phil avant d'arborer leurs couleurs étonnantes. Il signe ses sculptures « Phil », la plupart en pierre polie ou brute. Le fou d'orchidées qui se balade en forêt comme il va à la chasse pour traquer les espèces dans leur milieu naturel qu'il n'osera au grand jamais profaner, collectionne également les bonsaïs. Mais, avec ses orchidées d'Asie, d'Amérique, de l'Inde ou d'Australie, c'est déjà à un véritable tour du monde qu'il convie ses hôtes.

Son ennemi : les bactéries

De par son climat tropical, les plantes à La Réunion sont confrontées à de nombreuses maladies amenées par des bactéries. Une fois la plante atteinte, elle peut mourir très rapidement, entre 48 et 72 heures. Les bactéries s'installent dans les eaux stagnantes qui surchauffent au soleil. A surveiller de près !

Magique

L'Angraecum sesquipedale ou Etoile de Madagascar peut donner des fleurs jusqu'à 20 centimètres de diamètre. Parfois, il faut attendre 10 ans, voire davantage, avant d'assister à sa première floraison.

Echanges positifs

L’Encyclia Polybulbon est petite mais elle n'est pas la plus minuscule. Son propriétaire en a fait l'acquisition lors d'un échange avec un adhérent de l'Association des Orchidophiles du Nord dont il est membre lui-même.

La planète orchidées

Petite taille

Il fait partie des dernières acquisitions de Phil le collectionneur. Ce Trias Picta a été acheté en pépinière. Il a déjà trouvé sa place auprès de ses « cousines », sous la serre végétalisée.

Idée déco

Une serre comme
un petit coin de nature

« Je ne pense pas qu'il y en ait deux comme ça. » Sa serre est unique. Phil a profité d'une butte de roche naturelle de 6 à 7 mètres de haut pour l'y adosser. Surtout pas de béton. Le passionné qui a démarré sa collection d'orchidées dans les années 80 a choisi de laisser la nature s'épanouir. Beaucoup de fougères sous la serre, ce qui préserve le côté naturel. Seules exceptions à la règle : une petite étagère très discrète.

Personnaliser sa serre

• Un petit pont de bois donne un air japonisant au lieu protégé des rayons mortels du soleil, et un mini bassin où vivent d'heureux poissons pour parfaire une ambiance zen. • Pour exposer ses beaux spécimens - dont beaucoup, en pot, ont simplement trouvé place sur le sol, quand ils ne sont pas installés en l'air -, Phil a fait découper une plaque de basalte d'un mètre de diamètre et de trois centimètres d'épaisseur.